Galette

Publié le par Philippe Lacan

Galette

GALETTE


 

Elle se met enfin au travail. Elle est là devant moi, lente et gracieuse, le geste rapide et précis. Elle me regarde un instant, puis ses bras s’agitent. Elle me pétrit vigoureusement, me malaxe de ses mains douces et fermes. Encore un peu de farine, puis elle m’étale sur la table, m’étire et m’aplatit, utilisant ce maudit rouleau qui m’oppresse. Une odeur nouvelle m’envahit, une odeur d’amande qui se joint à moi et d’un geste précis, elle nous recouvre. Délicatement, elle me pose dans un plat et hop, elle m’enfourne et tourne le thermostat.

 

Évidemment, elle a laissé les ingrédients et les ustensiles sur le plan de travail. Elle va certainement lui demander de les ranger, comme bien souvent. Il faut dire qu’il est gourmand et qu’il me dégustera avec plaisir, appréciant mon croustillant comme mon moelleux.

 

Je commence à sentir très bon, à avoir une belle couleur dorée. Elle sent que je suis prête, me sort du four et me regarde avec un beau sourire de satisfaction. Mais que fait-elle ? Non !!! Elle me recouvre de trop de sucre-glace ! Quelle mauvaise habitude elle a de toujours trop sucrer. Les yeux pétillants de gourmandise, il va dire que je suis délicieuse, pour lui faire plaisir. Mais je sais bien, moi, qu’il n’aime pas les galettes trop sucrées. 


Philippe Lacan, 7 janvier 2020, 

Publié dans Nouvelle

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