Paraskevidékatriaphobie
Paraskevidékatriaphobie, mais pas que
C’est décidé, cette année Julien organisera le réveillon du Nouvel an chez lui. Il est journaliste, se déplace dans le monde entier et lors de ses voyages s’est fait des amis qu’il serait content de réunir et de retrouver.
Pour être assuré de leur venue il ne veut pas tarder à les appeler.
Il commence par Luigi, reporter lui aussi, en Italie.
- « Oh Julien ! tu ne pouvais pas m’appeler hier ou demain ?
- Euh...si, mais quelle différence ?
- Je te signale qu’on est Vendredi 13, que, comme tu le sais, je suis superstitieux. Le vendredi 13, je ne sors pas, ne rencontre personne, ne prend aucun risque. Une invitation acceptée aujourd’hui ne me plaît pas. Rappelle moi demain s’il te plaît ou après demain mais surtout pas le 17, c’est aussi un nombre qui n’augure rien de bon chez nous. Et réfléchis déjà, fais en sorte qu’on ne soit pas treize ou dix-sept à table ! »
Et il raccroche.
Oh là là ! Se dit Julien, ce pauvre Luigi a frôlé la crise de triskaïdekaphobie, j’avais oublié sa peur. Bon, alors appelons plutôt Alejandro en Colombie .
- « Alejandro ! Apparemment je te réveille ! C’est pour une bonne cause, une réunion entre amis le trente et un Décembre à Paris, ça te dit ?
- Oui bien sûr Julien, le nouvel an à Paris, c’est une bonne idée. Par contre je ne pourrai déroger à la tradition, si je veux faire de nombreux voyages dans l’année à venir, à minuit, je devrai faire le tour du pâté de maison avec une valise vide. Tu préviendras tes invités car je m’éclipserai. - Ok Alejandro ! » répond Julien déconcerté par la croyance de son ami.
Il se décide alors d’appeler Cheng-yong à Shanghai, ami de longue date qui bien que se réjouissant à l’idée de passer le nouvel an à Paris, demande hésitant
- « J’espère que tu n’habites pas au quatrième étage ou au numéro quatre ?
- Non au deuxième étage dans l’immeuble au numéro douze, pourquoi ?
- En Chine quatre se prononce « shi » qui signifie aussi « mort », et chez nous certains immeubles n’ont pas de quatrième étage. Tu comprends mieux ? S’il te plaît pas de quatre … - Bien, Cheng, A bientôt. »
Oh là là ! Ça se complique. J’espère que Marieke n’a pas les mêmes phobies et il appelle à Amsterdam.
- « Marieke, rassure moi, tu n’es pas superstitieuse ?
- Non, pas du tout, je passe sous les échelles et je n’ai rien contre le nombre 13 ! - Tant mieux, alors d’accord pour le trente et un Décembre ?
- Oui bien sûr mais sans chanter à table, c’est inviter le diable… !!! »
Julien n’en revient pas, il raccroche
Le nouvel an finalement il le passera chez lui avec ses treize desserts, le pain à l’envers sur la table et son chat noir.
Lui, il n’est pas superstitieux, ça porte malheur !…
Caroline Martin
14/11/2020