Cauchemar mécanique

Publié le par François Marie

Cauchemar mécanique

 

Cauchemar mécanique

 

Je rentrais, fatigué de ma réunion mensuelle avec mes collaborateurs. Celle-ci avait été très tendue et j’avais hâte de rejoindre le confort de mon véhicule et de rentrer chez moi.

Il était tard et je dus marcher de longues minutes avant de retrouver ma voiture. A quelques pas de celle-ci, j’actionnai la télécommande de déverrouillage des portières. Je sursautai quand le klaxon se déclencha. C’était inhabituel. Je n’osai pas actionner une deuxième fois ma télécommande craignant de réveiller tout le quartier. 

M’approchant, j’introduisis la clé de contact dans la serrure de ma portière. Alors que celle-ci restait bloquée, c’est celle de l’arrière droite qui s’ouvrit toute grande. Je contournai mon véhicule et, parvenu à sa hauteur, la portière se referma et c’est celle du passager avant qui s’ouvrit. Je me précipitai et m’assis avant qu’elle ne se referme. Mais elle resta ouverte. Une fois installé, je tentai de passer par-dessus le frein à main pour gagner mon siège mais dus renoncer en entendant de nouveau le klaxon.

Je me calmai et tentai de réfléchir à ces étranges évènements. Tandis que je retrouvais mon calme, la portière droite se referma brusquement d’elle-même. Puis le moteur se mit en marche et tourna au ralenti sans que j’aie actionné le démarreur. J’essayai de nouveau d’enjamber le tunnel central après avoir abaissé le frein à main, mais la voiture cala. C’était sans espoir ! N’étais-je pas en train de devenir le passager de ma voiture et l’objet de ses caprices ?

Le moteur démarra de nouveau et s’emballa à trois reprises, mouvements que je pris pour des signes d’impatience. Ça y était, je me prenais à croire que ma voiture avait une capacité émotionnelle, réagissait par rapport à mon état de tension…Je devais me poser et réfléchir. Tout cela n’était sans doute qu’une manifestation purement mécanique, que je n’avais jamais eu l’occasion de constater depuis cinq ans que je possédais cette voiture, mais peut-être cela était-il la première manifestation d’une obsolescence programmée ?

Je me mis à respirer calmement. Le moteur tournait au ralenti et bientôt, subrepticement, mon siège se mit en position couchette, le chauffage se déclencha, la lumière du plafonnier s’alluma mais sans excès. Le sommeil me gagnait doucement et les vicissitudes de ma vie professionnelle ne me tenaient plus sous leur tension. Bientôt, la radio diffusa un quatuor de Schumann et je sentis la paix me gagner. Sans m’en rendre compte, je m’endormis et le dernier bruit que je perçus fut le déclic du verrouillage des portes.

C’est en entendant des coups frappés contre la vitre que je m’éveillai. Il faisait grand jour. Ouvrant les yeux avec peine, je reconnus ma femme. J’étais toujours assis sur le siège du passager. Je n’eus aucune peine à sortir cependant qu’Irène, agitait sous mon nez une contravention qu’elle venait de retirer de dessous l’essuie-glace !

  • Henri, tu t’es garé sur le passage pour piétons ! Qu’est-ce qui t’es arrivé ? Qui t’a ramené ?

J’allais devoir trouver une histoire crédible pour convaincre et pour ça je craignais de ne pas pouvoir compter sur la complicité de ma voiture !

 

Publié dans Nouvelle

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