ALLELUIA

Publié le par Jean-Paul Camus

ALLELUIA

 

ALLELUIA



 

Hier, ma place était bien nommée. Piassetta de la liga. 

Chez nous, la liga , c’est la ligue, le rassemblement .

Paraissant spontanée, la mobilisation fut progressive.

Installé à mes pieds, un homme entonne un chant, priant la foule affairée de se joindre à lui. Certains s’arrêtent, ils écoutent, surpris par ce spectacle inhabituel.

Un à un ou par petits groupes, d’autres jeunes, avec leurs instruments, rejoignent le soliste. De plus en plus de curieux emplissent ma place.

Du haut de mon socle de pierre, j’ai reconnu l’appel : Alléluia, le Seigneur soit loué.

Mes yeux de bronze s’embuent. Le remerciement biblique a donc encore cours !

Je ne comprends pas les mots d’anglais mais peu importe, c’est l’ensemble de la mélodie qui me captive. 

Un air de gospel résonne dans la rue. Communion du public, surprenante dans ces temps individualistes et hyper actifs.

Les lèvres se mettent à remuer mezza voce. Ils participent au choeur.

Ma statue est l’allégorie de la paix, cet Alléluia ressemble à un Te Deum à la gloire de la fraternité.

Le monde change t il ? Espoir ou déjà réalité ?

La foule serait elle capable de se rassembler pour autre choses que la peur ou la haine ?

Aujourd’hui, je suis toujours à ma place mais je suis seul. Pas un passant, pas un mouvement, pas de suite à l’Alléluia d’hier. Ont ils déjà oublié ce moment de grâce ? Au loin, la sirène d’une ambulance. La vie n’est donc pas arrêtée.

J’espère qu’ils n’ont pas reconfiné comme au printemps !

 

Publié dans Nouvelle

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